La lente agonie

Chronique Spéciale Marocaine - Est-ce la fin des entreprises de presse ?

Par David William, Directeur des rédactions Finances News Hebdo


 

Les entreprises de presse marocaines sont inquiètes et tirent la gueule. Déjà plongées dans une crise économique structurelle induite, entre autres, par la baisse drastique des ventes et des recettes publicitaires qui s’amenuisent, elles doivent actuellement s’accommoder de la flambée des prix du papier à l’international, due, entre autres, à une demande beaucoup plus importante que l’offre. Et l’augmentation des cours du papier est, bien évidemment, systématiquement répercutée sur les coûts d’impression.

Même si les entreprises de presse reçoivent des subventions de la part du gouvernement marocain, celles-ci, au demeurant, semblent aujourd’hui insuffisantes et devraient être ajustées en fonction des réalités et de l’environnement économique au sein desquels elles évoluent.

Il y a une évidence que l’on ne peut nier : la grande majorité des entreprises de presse au Maroc est déficitaire. Entre les coûts d’impression, les charges sociales, les charges fiscales, les salaires…, elles sont dans une logique de survie permanente, pour ne pas dire dans la précarité extrême.

Chronique Spéciale Marocaine - Est-ce la fin des entreprises de presse

Aujourd’hui, c’est tout le modèle économique des entreprises de presse qui est chahuté. Au point que celles qui arrivent à survivre, sont obligées de s’éloigner de leur cœur de métier, à savoir la production journalistique, pour s’investir dans d’autres activités génératrices de revenus. Toutes celles qui ne peuvent se réinventer mettront la clé sous le paillasson, si elles ne l’ont déjà fait.

Face à la lente agonie des entreprises de presse, l’Etat doit donc réagir. Et ce, pour deux raisons fondamentales :

•  L’emploi dans le secteur est fortement menacé, dans un pays où, déjà, le chômage est une donne très problématique;

•  L’Etat ne peut faire l’économie de son soutien probant en étant un acteur passif face à la décrépitude du paysage médiatique, car la garantie de la pluralité des médias et des opinions reste l’un des fondements de la démocratie.

Fautes d’initiatives, comme par exemple prendre des mesures concrètes contre la concurrence déséquilibrée sur la publicité au Maroc orchestrée par Google et Facebook, l’on se dirige vers une mise à mort collective des entreprises de presse. Sérieux ! ■

 

 

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