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Marché de l’art: la cote de quelques maîtres reconnus

Marché de l’art: la cote de quelques maîtres reconnus

Imaginez que vous ayez déniché il y a quelques années un Melehi. La valeur de ses œuvres ayant considérablement augmenté depuis, vous seriez aujourd’hui susceptible de le revendre pour plus de 500.000 DH.

 

Par R. K. Houdaïfa

 

Il convient de commencer par rappeler comment se fait la cote, c’est-à-dire l’estimation de la valeur des œuvres d’un artiste, et cela quel que soit le medium utilisé (peinture, sculpture, photographie ou dessin entre autres). Cette appréciation est une affaire de notoriété artistique et médiatique de l’artiste. Elle se mesure en fonction de son importance dans l’histoire de l’art et/ ou de son sens de qualité et d’innovation dans la démarche artistique.

Plus un artiste suscite l’admiration des galeristes – et en particulier ceux de haut vol, les marchands d’art et les diverses institutions culturelles (les musées, collections privées, mécénats…), mieux il est coté. Soit. Sa cote augmente également quand ses œuvres sont détenues et vendues par des maisons de vente aux enchères.

Quand la peinture marocaine a été mise sur orbite au milieu des années soixante par une poignée de francs-tireurs, elle attira des collectionneurs occidentaux, fut sollicitée par les galeries européennes ou s’est fait admirer dans de prestigieux musées américains. Une reconnaissance qui a largement dépassé les frontières marocaines et maghrébines, d’autant que nos peintres ont su poser avant les autres les questions tant de leur propre identité que du regard posé sur l’Occident. Avec l’émergence du marché de l’art au Maroc, ces artistes-là ont vu leur cote augmenter.

Elle s’est bâtie du premier au second marché. Depuis la première galerie qui les a fourrés au système d’échanges fondé sur l’offre et la demande qui s’instaure ensuite, lorsque l’œuvre entame une autre vie, notamment grâce aux ventes aux enchères. Reste qu’avec cellesci, et grâce notamment à l’énorme travail accompli par les galeristes, le cercle des collectionneurs s’est élargi et les prix des œuvres ont atteint des pics vertigineux. Un collectionneur qui tient à avoir un Abbès Saladi, par exemple, est prêt à mettre le paquet pour satisfaire son envie.

Du coup, la cote du peintre monte, décuple parfois. Les collectionneurs continuent de faire monter la vapeur. Prix excessifs ? En tête du peloton des peintres dont la cote ne cesse d’augmenter, les orientalistes que le Maroc a inspirés. C’est la demande des musées américains après 1970, puis la nouvelle clientèle des Emirats ou même parfois du Maghreb, qui en fut la cause. D’où la flambée des prix vers 1980. Elle se poursuit inexorablement. Inutile de soupirer après un Majorelle, si vous ne gagnez pas des fortunes.

L’une de ses toiles s’est vendue récemment à 2.475.000 DH. Vient ensuite la bande des «naïfs», tels Mohamed Ben Allal, dont une gouache sur papier est estimée entre 100.000 et 120.000 DH; Ahmed Louardiri qui, selon les formats, va de 100.000 à 400.000 DH. Une des toiles de Chaïbia Tallal s’est envolée avec un coup de marteau à 2.100.000 DH. Fatima Hassan El Farrouj prend de plus en plus de valeur. Elle joue dans les 150.000 DH, tandis que Fatna Gbouri franchira bientôt son point culminant : 100.000 DH. Enfin, arrivent les figuratifs et les abstraits.

Et l’on se demande si les peintres marocains ne spéculeraient pas de leur vivant sur les valeurs qu’ils auraient une fois morts et enterrés ! Car, aux morts, une cote reconnaissable. Ahmed Cherkaoui, pour avoir très peu peint, est très convoité. Les amateurs déboursent entre 160.000 et 400.000 DH pour se payer ses œuvres pratiquement introuvables. Jilali Gharbaoui, lui, était très prolifique, ce qui n’empêche pas ses tableaux de s’envoler sans jamais atterrir.

Les collectionneurs se damneraient volontiers pour mettre la main sur ses ultimes compositions, qu’on dit d’une belle eau. Pour l’heure, ils s’arrachent, à coup de surenchère, ses toiles, bien au-delà de 300.000 DH. Pour Farid Belkahia, ses créations peuvent atteindre les 1.200.000 DH… Ce ne sont là que quelques exemples emblématiques qu’il conviendrait de multiplier, car faute de place, il serait, en effet, malaisé de les évoquer tous et toutes.

Contentons-nous de noter que dans la fixation du prix des toiles interviennent, outre la notoriété et le talent du peintre, des éléments plus prosaïques comme la dimension de la toile ou la technique utilisée (aquarelle, huile, collage, lithographie, pastel, etc.). Investisseurs ou amateurs d’art, levez-vous !

 

 

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