Artisanat : un secteur en quête de structuration et de modernisation

Artisanat : un secteur en quête de structuration et de modernisation

Malgré l’adoption d’un cadre juridique rénové et l’ambition affichée par les pouvoirs publics, le secteur de l’artisanat continue de composer avec de nombreuses fragilités. L’amélioration des conditions de production, de commercialisation et de structuration reste un passage obligé pour libérer tout son potentiel.

 

Par C. Jaidani

Pilier économique et social de premier plan, l’artisanat marocain emploie près de 2,4 millions de personnes, soit plus de 22% de la population active nationale, ce qui en fait la deuxième communauté socioprofessionnelle du pays après les agriculteurs. Les artisans à fort contenu culturel (FCC) représentent à eux seuls quelque 420.000 personnes.

Au-delà de son rôle social dans la création d’emplois, le secteur constitue également un levier d’investissement et d’exportation non négligeable, avec une contribution estimée à 7% du PIB national. Conscient de ces enjeux, l’exécutif a inscrit l’artisanat dans une Vision stratégique à l’horizon 2030, matérialisée par la signature d’un contrat-programme avec les représentants du secteur. Cette feuille de route fixe des objectifs précis assortis d’un échéancier.

Dans ce cadre, un nouveau dispositif juridique a été instauré avec l’adoption de la loi 50-17, qui encadre notamment la définition du métier d’artisan ainsi que le statut des associations et des coopératives. Le texte prévoit également la mise en place d’un Registre national de l’artisanat et la création d’un Conseil national chargé de superviser l’activité et d’assurer l’interface avec les pouvoirs publics. Pour piloter cette dynamique, Lahcen Saâdi a été nommé secrétaire d’État chargé de l’Artisanat.

Intervenant récemment au Parlement lors des questions orales, il a souligné que «le secteur présente des perspectives de développement très importantes, mais il est confronté à plusieurs entraves». Il a notamment insisté sur la prédominance de l’informel, appelant à une mise à niveau du secteur afin de l’inscrire dans une organisation structurée, à même de répondre aux ambitions fixées. De son côté, Hanane Atarguine, députée à la Chambre des représentants sous l’étiquette du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), a rappelé que «l’artisanat marocain est une activité riche et variée, qui comprend pas moins de 172 métiers au savoir-faire ancestral qu’il faut absolument préserver. Il est important de renforcer les outils d’apprentissage dans ce domaine et de soutenir la formation des artisans».

La parlementaire a également pointé l’insuffisance des mécanismes de territorialisation de la production artisanale, aujourd’hui largement concentrée dans les villes à vocation touristique. Elle a évoqué d’autres freins structurels, notamment l’amélioration des conditions de travail et de sécurité. Dans certaines filières, comme la tannerie, l’utilisation de produits chimiques toxiques demeure une réalité aux conséquences néfastes pour la santé des artisans et pour l’environnement.

Autre difficulté majeure : la dépendance des artisans vis-à-vis des intermédiaires et de certains réseaux de commercialisation, qui réduisent leurs marges et limitent l’accès direct aux marchés, qu’ils soient locaux ou internationaux. D’où l’importance, selon la députée, de renforcer la promotion des produits de l’artisanat à travers les foires, les expositions et surtout les plateformes numériques.

La stratégie de l’artisanat à l’horizon 2030 met ainsi l’accent sur l’accompagnement des professionnels pour dynamiser l’offre, qualifier davantage les artisans, préserver les savoir-faire traditionnels et moderniser les processus de production et de commercialisation. Sur le plan des exportations, les produits de l’artisanat marocain bénéficient déjà d’une reconnaissance à l’international, avec un chiffre d’affaires annuel avoisinant 1 milliard de dirhams.

Toutefois, pour Hanane Atarguine, «l’artisanat marocain ne doit pas profiter que de la bonne performance du tourisme. Pour améliorer ses chiffres, il est utile d’approcher d’autres marchés étrangers et d’investir le digital pour élargir la base clientèle en ciblant le plus grand nombre d’acheteurs à travers le monde via le paiement par Internet». 

 

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Dimanche 21 Decembre 2025

Dakhla : «Un futur pôle économique atlantique»

Dimanche 21 Decembre 2025

Le Prince Héritier Moulay El Hassan donne le coup d’envoi officiel de la CAN Maroc 2025

Dimanche 21 Decembre 2025

Petfood : un marché marocain en voie de structuration

Dimanche 21 Decembre 2025

Immobilier : «Le secteur est marqué par un climat d’attentisme persistant»

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux