Aviculture: face à une conjoncture morose, la difficile survie des petits exploitants

Aviculture: face à une conjoncture morose, la difficile survie des petits exploitants

Ils sont fortement impactés par le renchérissement du prix de l’aliment de bétail.

Certains opérateurs ont décidé de basculer vers d’autres activités.

 

Par C. Jaidani

 

 

L’aviculture nationale passe par des moments difficiles. La sécheresse et le renchérissement des prix des intrants à cause de la flambée des cours à l’international ont réduit sensiblement les marges de manœuvre des opérateurs. Cumulant des pertes et des dettes, certains professionnels qui ont des structures de petite taille sont dos au mur et confrontés actuellement à des déboires avec leurs créanciers, voire la justice. Cette situation a porté un coup dur à l’activité. Actuellement, les prix des produits avicoles, notamment le poulet de chair, affichent des niveaux record. «Considéré comme une source de protéine à bon marché comparativement à la viande rouge ou le poisson, le poulet de chair devient inabordable pour les ménages à revenus contenus. Il est actuellement négocié à plus de 20 DH/kilo. Il a atteint dans certaines régions les 25 DH/ kilo. Les consommateurs sont contraints de réduire le volume acheté. Le gouvernement doit intervenir en urgence pour trouver des solutions», souligne Bouaâzza Kherrati, président de la Fédération des associations de protection des consommateurs. Avec la conjoncture actuelle, notamment les tensions géostratégiques à l’international, les orientations haussières des prix des matières premières devraient se maintenir. Il est peu probable qu’un retour à la situation normale soit envisagé dans le court terme. Pour Chawki Jirari, Directeur général de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), «la fluctuation des prix de la volaille était auparavant due à des facteurs cycliques comme la chaleur, le froid et la hausse des coûts de production. Actuellement, la flambée devrait plutôt s’inscrire dans une période assez longue à cause de la guerre en Ukraine, car ce pays est l’un des principaux fournisseurs dans le monde de produits essentiels entrant dans la production de l’alimentation de bétail, principalement le soja, le colza et le maïs». Et de souligner qu’«après la réouverture des frontières et la fin du Ramadan, la demande en produits avicoles a nettement augmenté et l’offre n’a pas suivi. Le coût de production s’établit entre 15,50 et 16 DH/kilo, et si l’on rajoute le transport et les autres charges, les prix départ ferme se situent actuellement entre 16,50 et 19 DH/kilo. Alors qu’il y a quelques mois, ils étaient entre 9 et 12 DH. Une partie des exploitants n’a pas voulu investir et prendre des risques car la marge bénéficiaire n’est pas attractive. Parfois, des producteurs vendent même à perte juste pour écouler leur stock et ne pas subir des frais supplémentaires». Ce phénomène n’est pas nouveau, mais actuellement il a pris des proportions inquiétantes. Dans de pareilles conditions, il est difficile pour les petits exploitants de continuer leur production. Seuls les grands opérateurs qui disposent d’une assise financière solide peuvent résister à cette conjoncture contraignante sur une longue durée. Grâce à la grande taille de leurs exploitations, ils peuvent faire des économies d’échelle importantes. Certains opérateurs ont investi toute la chaîne de valeur  : ils sont importateurs de matières premières, provendiers, accouveurs, producteurs de volailles et même transformateurs. De ce fait, ils ont une grande capacité d’adaptation et d’amortissement des chocs. Pour leur part, les petits exploitants sont très vulnérables à la moindre perturbation. «Il n’y a pas de visibilité, le renchérissement des intrants devient insupportable. Ma trésorerie est mise à rude épreuve. J’ai décidé d’arrêter pour le moment d’investir dans l’aviculture. Je vais changer d’activité et opérer dans l’élevage d’ovins et de bovins. Même si cette activité est, elle aussi, sous l’effet de la hausse des prix des aliments, son cycle de production est assez long et les prix à la vente ne sont pas très fluctuants», confie Abdallah Tadlaoui, exploitant de la région de Zenata. 

 

 

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