Croissance : la locomotive non agricole relancée

Croissance : la locomotive non agricole relancée

La croissance hors agriculture renoue avec les sommets des années 2000. 

 

Par A. Hlimi

Le haut-commissariat au Plan (HCP) livre une note de conjoncture riche en enseignements sur la vitalité retrouvée de l’économie marocaine en ce début d’année. Le produit intérieur brut (PIB) aurait enregistré une croissance de 4,2% au premier trimestre 2025, en glissement annuel, portée par un rebond marqué de la croissance non agricole, estimée à +4,2%, un niveau qui confirme ce que les analystes estiment être un nouveau palier proche des 5% que l'on commence à titiller régulièrement. Si l’agriculture a également contribué positivement à cette dynamique avec une progression de 3,1%, ce sont surtout les activités hors secteur primaire qui ont porté la croissance.

Le HCP souligne que la demande intérieure est restée le moteur principal de cette reprise, tandis que l’effet récessif du commerce extérieur s’est modéré, avec une contribution négative réduite à -1,1 point. Par secteur, trois branches d’activité se distinguent.

D'abord, les services marchands, en particulier l’hébergement, ont connu une croissance spectaculaire de 13,2%.  Les industries extractives ont progressé de 6,7%  et le secteur de la construction a enregistré une hausse de 6,4%. Ces performances traduisent un redémarrage puissant de la machine économique, porté à la fois par la consommation, les politiques publiques et des effets de rattrapage sectoriels. 

Une consommation des ménages dynamique

La consommation des ménages a joué un rôle central. Alimentée par l’amélioration des revenus, sous l’effet d’augmentations de salaires dans le privé et le public et d’allègements fiscaux –notamment la révision à la baisse de l’impôt sur le revenu–, elle aurait progressé de 4,5%, malgré un contexte de reprise modérée de l’inflation. En revanche, l’industrie manufacturière reste en retrait, sa croissance étant freinée par une demande extérieure moins dynamique. Sa contribution à la croissance aurait reculé de 0,2 point, selon les estimations du HCP.

Pour le deuxième trimestre 2025, le HCP prévoit une croissance de 3,8%, portée par le maintien du redressement agricole, la résilience des services marchands, et une forte activité dans les travaux publics, soutenue par les commandes publiques. Les dépenses de consommation finale et d’investissement devraient continuer sur leur lancée, avec des croissances respectives de 4,2% et 5,1%, reflétant l’effet combiné de politiques budgétaire et monétaire accommodantes. Toutefois, cette trajectoire reste exposée à des risques exogènes importants. Le HCP alerte sur les conséquences possibles d’un changement de politique tarifaire américaine, bien que le report de 90 jours de l’entrée en vigueur des hausses tarifaires annoncées en avril ait temporairement réduit la pression.

Le HCP insiste : «La probabilité d’un choc à très court terme, bien que différée, demeure toutefois présente.» Pour les analystes de BMCE Capital, même si de prime abord la redistribution en cours des cartes du commerce mondial semble être une menace, elle pourrait, au contraire, constituer une opportunité pour le Royaume. En effet, la faiblesse des droits imposés au Maroc comparée à de nombreux pays concurrents pourrait permettre aux exportations marocaines à destination des Etats-Unis de gagner en compétitivité, même si la part de ces dernières demeure modeste (près de 12 milliards de dirhams en 2023).

A plus long terme, dans le cas où ce nouveau panorama se maintient dans la durée, les entreprises étrangères pourraient songer à délocaliser leur activité vers le Maroc et/ ou encore l’utiliser en tant que hub mondial pour contourner les restrictions imposées par les Etats-Unis. Demeure toutefois le spectre d’une récession mondiale. «Si le Royaume ne devrait, a priori, pas pâtir outre mesure de ces nouvelles règles du jeu, la demande étrangère adressée au Maroc pourrait, elle, en être affectée. Enfin, le risque de résurgence de l’inflation, notamment la part importée, n’est également pas à écarter avec la hausse prévisible des coûts au niveau mondial», témoignent les analystes de la banque. 

 

 

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