La résolution d’octobre prochain du Conseil de sécurité devrait marquer un tournant pour le dossier. Le nombre grandissant des Etats reconnaissant la marocanité du Sahara conforte le plan d’autonomie. Entretien avec Mohamed Belmir, politologue.
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : Ces derniers temps, le dossier du Sahara marocain a connu de nombreux rebondissements favorables pour le Maroc. Comment jugezvous cette évolution ?
Mohamed Belmir : Le Maroc n’a cessé de marquer des points importants en faveur de son intégrité territoriale. La diplomatie marocaine a fait preuve d’un travail remarquable. Le nombre de pays reconnaissant la marocanité de Sahara ne cesse d’augmenter. Certaines reconnaissances revêtent une importance très particulière. Il y a d’abord l’Espagne, l’ex-pays colonisateur, qui connaît mieux que quiconque que cette terre fait, depuis la nuit des temps, partie intégrante du territoire national. Il y a également la France et les Etats-Unis, deux membres permanents du Conseil de sécurité. Tous ces pays ont confirmé à plusieurs reprises la marocanité du Sahara. Ce conflit a été créé de toute pièce par les ennemis de la nation, à leur tête l’Algérie qui a profité d’un certain nombre de circonstances au milieu des années 70 pour lui donner la dimension qu’on connaît. Il faut rappeler aussi que ce conflit est né dans le sillage de la guerre froide. La plupart des pays qui soutiennent encore le polisario, dont le nombre est en constante baisse, sont des Etats de l’ex-bloc de l’Est ou ayant des régimes à connotation communiste. L’Algérie s’entête toujours à maintenir ce conflit pour justifier son hostilité envers le Maroc, devenue une doctrine d’Etat. Elle espère voir naître un Etat sous sa tutelle pour isoler le Maroc et le couper de ses liens avec l’Afrique, tout en ayant un accès direct à l’Atlantique. Mis en échec militairement et politiquement, nos voisins de l’Est et le polisario jouent leurs dernières cartes en espérant faire perdurer le conflit.
F. N. H. : Le dossier du Sahara traverse une période capitale. Quelles sont vos prévisions pour la suite ?
M. B. : Toutes les résolutions des Nations unies prônent la solution politique, car le référendum est une option devenue irréalisable et dépassée. Le Maroc a proposé l’autonomie dans le cadre de la souveraineté nationale, alors que l’autre partie s’accroche à l’autodétermination. La Minurso a reconnu qu’il est difficile d’identifier le corps électoral. Pour brouiller les cartes, l’Algérie refuse de recenser la population des camps de Tindouf. Une bonne partie des habitants de cette région n’a rien à voir avec la zone du conflit : ils sont soit d’origine algérienne, mauritanienne ou des pays du Sahel. De ce fait, la proposition marocaine reste la seule option crédible et réalisable pouvant mettre un terme à ce conflit qui n’a que trop duré. Il présente une menace sérieuse pour la stabilité de la région et même pour l’Europe. Le plan d’autonomie commence à s’imposer. D’ailleurs, Stefan De Mistura, l'émissaire de l'ONU au Sahara, montre l’intérêt constant de l’ONU à cette option.
F. N. H. : Le président Trump a affirmé que les Etats-Unis ne vont plus financer les missions de paix dans le monde. Cela est-il annonciateur de la fin de la Minurso ?
M. B. : Trump est un président très pragmatique. Il estime que ces missions n’ont pas atteint leurs objectifs. Leur maintien représente un gouffre financier énorme. Le retrait des EtatsUnis, qui en sont le principal contributeur, devrait compromettre à terme l’existence de ces missions ou la réduction de leur rôle. L’idée de Trump in fine est de pousser les belligérants à négocier pour trouver un accord. L’année 2025 sera cruciale et la résolution du Conseil de sécurité, attendue en octobre prochain, sera déterminante pour clore ce dossier qui dure depuis 50 ans. C’est pour cette raison que la diplomatie américaine s’active pour faire converger les points de vue afin de trouver un compromis préservant les intérêts de toutes les parties.