Mohamed Benouda, président-fondateur d’Aba Technology, revient pour Finances News Hebdo sur la stratégie du groupe, fleuron industriel marocain engagé dans la souveraineté technologique.
Finances News Hebdo : Vous êtes à la tête d’un groupe marocain très actif sur le terrain de l’innovation industrielle. Pouvezvous nous rappeler l’envergure d’Aba Technology aujourd’hui ?
Mohamed Benaouda : Aba Technology est un groupe marocain à la fois industriel et technologique, qui emploie aujourd’hui 1.200 collaborateurs. Nous sommes présents sur quatre secteurs stratégiques : l’industrie 4.0, la santé connectée, la supply chain et les smart cities. Notre particularité est d’intervenir sur toute la chaîne de valeur : nous concevons et fabriquons nos propres équipements, nous assurons la transformation digitale de nos clients et nous allons jusqu’à des modèles d’externalisation via des partenariats public-privé ou privés, en accompagnant les opérations de bout en bout. Nous exportons vers 17 pays, disposons de filiales en France et en Espagne, et venons de finaliser une acquisition dans un centre de santé aux Émirats arabes unis. Tout cela s’inscrit dans une dynamique que nous assumons pleinement : celle de la souveraineté, qu’elle soit technologique, industrielle ou sanitaire.
F.N.H. : Une convention vient justement d’être signée lors de cette édition du Gitex Africa avec le ministère de la Transition numérique. Quels en sont les principaux axes ?
M. B. : Nous avons signé une convention structurante avec Mme la ministre, centrée sur l’innovation et la souveraineté technologique. Elle repose sur plusieurs piliers. D’abord, la montée en compétence : il s’agit de former 20.000 talents d’ici à 2030 sur des sujets pointus comme l’IoT, la cybersécurité industrielle, l’intelligence artificielle ou encore le Vsion computing. Ensuite, nous nous engageons dans la création de trois instituts spécialisés dans les technologies critiques, en lien avec l’initiative gouvernementale Al-Jazari, mais aussi dans le développement d’un réseau national de FabLabs, pour permettre aux jeunes, aux inventeurs et aux startups de prototyper leurs solutions localement.
F.N.H. : Vous évoquez aussi une plateforme technologique ouverte. De quoi s’agit-il ?
M. B. : Nous développons une Fusion Computing Platform, une infrastructure dédiée à l’orchestration d’agents IA, qui sera accessible à l’ensemble de la communauté tech marocaine. L’idée est de mettre à disposition un environnement matériel puissant et cybersécurisé, pour que les développeurs, les startups et les entreprises puissent créer, synchroniser et déployer leurs propres agents intelligents.
F.N.H. : Comment Aba Technology contribuet-elle à la dynamique entrepreneuriale nationale ?
M. B. : À travers Aba Venture, nous avons déjà incubé 13 startups et permis à 6 de nos collaborateurs de devenir associés. D’ici 2030, notre objectif est de faire émerger 35 cofondateurs issus de nos rangs. C’est notre manière d’encourager la création d’un tissu industriel local fort, capable de faire naître des licornes ou des gazelles marocaines.
F.N.H. : Le Gitex Africa met justement en avant ce type d’initiatives. Quelle est votre lecture de cette édition 2025 ?
M. B. : Cette édition est un vrai succès. Le Maroc affirme son statut de hub régional, industriel, logistique, financier, et aspire désormais à devenir un hub technologique. Le Gitex y contribue puissamment en attirant une diversité impressionnante de visiteurs, d’institutionnels étrangers, d’investisseurs et de startups. De notre côté, nous avons présenté des solutions d’IA pour l’asset management, la santé connectée, le digital twin industriel, le Fusion Computing… Ce sont des innovations que nous concevons, fabriquons et intégrons entièrement au Maroc. C’est pour cela que nous tenons à dire : ce n’est pas seulement Made in Morocco, c’est Invented and Made in Morocco.