Coupe du monde 2030 : le Maroc prêt à gagner le match de la 5G ?

Coupe du monde 2030 : le Maroc prêt à gagner le match de la 5G ?

Si le déploiement de la 5G dans le monde avance à grands pas, l’Afrique et le Maroc se trouvent encore dans une phase de rattrapage. L’ambition est claire, mais les défis sont nombreux.

 

Par K. A.

La 5G, cette nouvelle génération de réseau mobile, promet de révolutionner les communications avec des vitesses de connexion ultrarapides, une faible latence et une capacité accrue pour les objets connectés. Fin 2023, la 5G couvrait environ 40% de la population mondiale, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Cependant, derrière cette moyenne se cache une réalité très contrastée.

En Europe, la 5G bénéficie de la couverture la plus étendue avec 68% de la population ayant accès à cette technologie, suivie par les Amériques avec 59% et l’Asie-Pacifique à 42%. À l’opposé, l’Afrique reste largement à la traîne avec seulement 6% de couverture, une situation qui reflète les défis technologiques et économiques auxquels le continent est confronté. Ainsi, les données montrent que le développement de la 5G avance lentement.

En 2023, seulement 11 millions d’abonnements 5G étaient recensés en Afrique subsaharienne, selon le rapport Ericsson Mobility de juin 2024. Toutefois, ce chiffre devrait grimper à 320 millions d’ici 2029, représentant environ 28% de tous les abonnements mobiles dans la région. Cette croissance rapide prévue est principalement tirée par la libération de spectres dans les bandes basses et moyennes, ainsi que par la baisse des prix des appareils compatibles avec la 5G. Cependant, plusieurs obstacles freinent ce déploiement, notamment le coût élevé des infrastructures nécessaires et une faible couverture de la fibre optique, essentielle pour soutenir les réseaux 5G.

«La transition vers la 5G en Afrique nécessite des investissements massifs dans les infrastructures, ce qui représente un défi de taille pour de nombreux pays», explique Achraf Damir, expert en télécommunications. «Contrairement aux générations précédentes, la 5G ne peut pas s’appuyer uniquement sur les infrastructures existantes et requiert une refonte complète du spectre des fréquences», ajoute-t-il.

 

Ambitions et retards

Au Maroc, le déploiement de la 5G fait partie de la stratégie «Maroc Digital 2030», un plan ambitieux visant à moderniser le pays à travers le numérique. Le gouvernement marocain, à travers le ministère de la Transition numérique, a annoncé l’adoption officielle de la 5G avant l’organisation de la Coupe du monde 2030, que le Royaume co-organisera avec l’Espagne et le Portugal. Pour le Maroc, l’adoption de la 5G avant la Coupe du monde 2030 est stratégique. La 5G pourrait en effet transformer l’expérience des spectateurs grâce à des services de réalité augmentée, des paiements sans contact et une gestion sécurisée des flux de visiteurs.

Au-delà de cet événement sportif, la 5G représente un levier de croissance économique majeur pour le Maroc et le continent africain. Elle pourrait favoriser l’innovation dans des secteurs comme la télémédecine, l’agriculture intelligente et l’industrie 4.0. «La 5G est une technologie transformatrice qui a le potentiel de réduire les disparités régionales en permettant aux zones rurales d’accéder aux mêmes opportunités que les centres urbains», explique Damir. Le défi principal reste l’expansion du réseau de fibre optique, qui nécessite une augmentation de 20% par an, équivalant à environ 2 millions de connexions FTTH (fibre jusqu’au domicile). Or, à l’époque, seuls 450.000 raccordements avaient été réalisés.

L’objectif fixé est d’atteindre 5 millions de connexions d’ici 2025, ce qui représente une augmentation de 50%. Dans la situation actuelle, compte tenu des coûts d’investissement élevés, il est irréaliste de penser que chaque opérateur puisse développer son propre réseau de manière indépendante. Pour surmonter ces challenges, une solution envisagée est l’ouverture du marché aux opérateurs d’infrastructures spécialisés afin de favoriser la mutualisation et le partage des ressources. Des investisseurs internationaux, comme Google, manifestent un intérêt croissant pour le marché marocain des télécommunications. Cependant, le chemin vers un déploiement complet de la 5G est semé d’embûches.

En Afrique, comme au Maroc, les gouvernements et les entreprises de télécommunications doivent surmonter des obstacles importants tels que le manque d’infrastructures, le coût élevé des équipements et une faible adoption par les consommateurs en raison de la cherté des services et des appareils compatibles. «Pour réussir, l’Afrique et le Maroc doivent adopter une approche collaborative impliquant à la fois le secteur public et privé, et investir massivement dans les infrastructures numériques», recommande notre expert. «Seule une approche intégrée et concertée permettra de surmonter les défis actuels et de réaliser le potentiel de la 5G», conclut-il. 

 

 

 

 

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