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Algérie: le spectre du terrorisme

Algérie: le spectre du terrorisme

Plongée dans un chaos politique sans précédent, accusant tous les coups, se faisant lâcher par toutes les grandes puissances, avec à leur tête les États-Unis d’Amérique de Joe Biden et la France d’Emmanuel Macron, faisant face à des Hiraks qui risquent de précipiter le pays dans un cataclysme social qui sonnerait le glas de l’Algérie telle qu’on l’a connue jusqu’à aujourd’hui, souffrant économiquement, se lançant dans une course à l’armement qui lui coûte des centaines de milliards de dollars, l’Algérie fait aussi face au retour en force des factions terroristes, qui voient dans cette fragilisation des structures de l’État une occasion de revenir aux affaires dans la région du Maghreb et du Sahel. 

En effet, c’est ce danger incarné par une Algérie dépassée par tous les événements, qui voit le retour en force des milices terroristes armées menacer ce qui lui reste de temps avant le chaos final. Ce sont justement ces groupes islamistes que le Maroc surveille de très près, ayant fait les frais en 1993, au tout début de la guerre civile algérienne, que les généraux voulaient exporter au Maroc en travaillant en coulisse avec les GIA et le GSPC, et plus tard AQMI, avec l’attaque de l’hôtel Atlas Asni, dans l’unique but de déstabiliser le Maroc. Lequel n’a pas plié malgré toutes les attaques répétées des groupes du polisario, financé à la fois par Alger et par Tripoli sous les commandes de Mouammar Kadhafi qui, jusqu’à sa chute spectaculaire, dépensait des sommes considérables pour fournir des armes aux séparatistes du polisario. Qui ont trouvé dans les groupes terroristes en activité dans le désert et dans le Sahel des points d’appui pour perpétrer des kidnappings et des rapts de touristes en demandant des rançons, partagées entre toutes ces cliques et katibas des sables. 

D’ailleurs, plusieurs rapports ont mis en cause des personnages issus du polisario, faisant partie intégrante des groupes salafistes armés. Adnane Abou Al Walid Al Sahraoui était l’un des dirigeants de l’État islamique dans le Grand Sahara. Il est originaire de la ville de Laâyoune et est membre du polisario. Ce même Adnan Abou Al Walid a été tué par une frappe de l’armée française en septembre 2021. Une opération qualifiée de grand succès par le gouvernement français, qui affirmait : «Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel», avait souligné le chef de l’Etat français.

Déjà, en juin et juillet 2021, Paris avait annoncé la mort ou la capture de plusieurs cadres de haut rang de l’EIGS (le groupe jihadiste Etat islamique au grand Sahara) par la force française Barkhane et ses partenaires, dans le cadre de sa stratégie de cibler les dirigeants et les cadres des organisations jihadistes. Pour rappel, l’EIGS a été créé en 2015 par Adnan Abou Walid Al Sahraoui, membre du front polisario et de la mouvance jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il avait été désigné comme «ennemi prioritaire» au Sahel, lors du sommet de Pau, en janvier 2020. Ce groupe est considéré comme étant le principal artificier de la plupart des attaques dans la région dite des «trois frontières», un espace aux frontières indéfinies entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Il faut ici souligner des événements importants qui sont autant d’éléments de compréhension du conflit profond entre Rabat, très engagé dans la lutte internationale contre le terrorisme, déjouant des centaines d’attentats un peu partout dans le monde, et Alger, qui soutient, finance et cache des chefs armés qui, non seulement sont à la tête de groupes terroristes, mais aussi des trafiquants d’armes et de drogues, dans toute cette région du Sahara, à cheval sur plusieurs frontières toutes poreuses, dans ce ventre mou qui sépare l’Afrique du Nord de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. 

En effet, l’EIGS est à l’origine des attaques visant des civils et des militaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Des soldats américains ont été pris pour cible dans une attaque meurtrière en octobre 2017, au cours de laquelle quatre soldats américains des Forces spéciales et quatre Nigériens avaient été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, près du Mali, dans le sud-ouest du Niger. Fin 2019, l’EIGS a lancé une nouvelle série d’attaques contre des bases militaires au Mali et au Niger. Le 9 août 2020, au Niger, le chef de l’EIGS avait personnellement ordonné l’assassinat de six travailleurs humanitaires français et de leur guide et chauffeur nigériens. Cette attaque contre des jeunes engagés dans l’humanitaire avait suscité une vive émotion en France et au Niger, classé ensuite en zone rouge, soit «formellement déconseillée», à l’exception de la capitale Niamey, par le ministère français des Affaires étrangères. 

C’est dire tout l’immobilisme de l’armée algérienne et du pouvoir en place, qui ne sait plus où donner de la tête, subissant des manifestations de grande ampleur dans différentes régions du pays, ne pouvant plus contrôler les mercenaires du polisario qui ont trouvé dans le terrorisme une manne financière supplémentaire pour enrichir des dirigeants qui vivent comme des nababs, alors que des populations entières sont séquestrées à Tindouf, dans la précarité et la pauvreté les plus criardes. Sans parler des facilités de circulation assurées aux groupes terroristes dans ce vaste sud algérien qui échappe au contrôle de l’armée algérienne. Une situation critique et dangereuse qui préoccupe au plus haut degré les forces occidentales, cibles constantes et du polisario et des groupes affiliés à Al Qaïda, dans une jonction commune des intérêts entre mercenaires et autres chefs de guerre.

Le Maroc étant partie prenante de la lutte et de la traque de ces groupes terroristes, étant un partenaire solide des Américains et des Européens, il constitue un danger grandissant pour une Algérie qui a perdu toute crédibilité internationale, soufflant le chaud et le froid, brandissant constamment la carte du terrorisme comme monnaie d’échange et levier de pression sur les Occidentaux. Alger refuse catégoriquement le rôle joué par Rabat dans la lutte contre le terrorisme et le banditisme dans la région, à la fois au Maghreb et dans le Sahel. C’est là le point de discorde majeur entre les deux pays. D’un côté, un allié crédible pour l’Occident. De l’autre, un Etat en déshérence qui abrite le terrorisme et finance des groupes armés mercenaires. D’un côté, celui qui conquiert l’Afrique. De l’autre, un régime militaire qui veut détruire la difficile paix dans toute la région en dépensant des milliards de dollars en armes et en préparant une guerre, comme dans le Désert des Tartares, étant en retard sur l’Histoire du monde, d’au moins trois décennies.

 

 

Par Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste
 

 

 

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