Balance commerciale : où en est-on ?

Balance commerciale : où en est-on ?

Le déficit commercial du Maroc s’aggrave en 2024, malgré des signaux de transformation structurelle. Alors que les importations repartent à la hausse, notamment dans les biens d’équipement et les produits alimentaires, les exportations peinent à suivre le rythme, malgré la résilience de l’automobile et des phosphates.

Après un léger répit en 2023, la balance commerciale du Royaume s’est de nouveau dégradée : le déficit a bondi de 7,3% pour s’établir à 306,5 Mds DH en 2024, alors que le taux de couverture des importations par les exportations a reculé à 59%. La dynamique 2025 confirme l’alerte : –24,5 Mds de DH dès janvier (+13,3% sur un an) et –108,9 Mds de DH à fin avril (+22,8%), avec un taux de couverture qui est tombé à 58,6%.

Le déficit commercial du Maroc reste avant tout structurel. Il reflète à la fois une économie qui s’équipe et une dépendance historique aux matières premières importées. Mais les lignes bougent : recul de la facture énergétique, montée en puissance de l’automobile électrique, relocalisation de segments industriels stratégiques et diversification géographique indiquent une trajectoire de rééquilibrage graduel.

La fenêtre est toutefois étroite. Car sans accélération simultanée de la décarbonation, de l’innovation et de la souveraineté alimentaire, l’ajustement pourrait s’enliser. Les prochains exercices budgétaires devront donc arbitrer entre soutien aux filières exportatrices, protection du pouvoir d’achat et priorités climatiques pour transformer – enfin – le commerce extérieur en véritable levier de croissance inclusive. En chiffres, les importations sont sous haute tension. La poussée est alimentée par la hausse des biens d’équipement (+13,3%), des produits finis de consommation (+11,5%) et des produits alimentaires (+11,3%), tandis que la facture énergétique reste le premier poste malgré sa décrue à 114 Mds de DH (-6,5% en 2024). *

Les achats de céréales demeurent élevés, conséquence de deux campagnes agricoles marquées par la sécheresse et la reconstitution stratégique des stocks. En face, les exportations sont contrastées. L’automobile maintient son rôle de locomotive, bien qu’en baisse sur les premiers mois de 2025 (-7%) sous l’effet d’un cycle de maintenance et du ralentissement en Europe, mais les carnets de commandes de véhicules électriques laissent présager un rebond au second semestre, selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour. Les phosphates et l’aéronautique complètent le podium des recettes.

Les ressorts structurels

La dépendance énergétique et la volatilité agricole font du Maroc un pays dépendant structurellement des importations. Mais certaines poches de résilience permettent au Maroc de soutenir cette tendance. Il s’agit notamment du tourisme, du transport et des nouveaux métiers du Royaume qui permettent d’amortir le choc sur la balance courante. Aussi, la transition vers les renouvelables (40% du mix, objectif 52% en 2030) réduit progressivement les importations d’hydrocarbures et de charbon, alors que les plateformes logistiques Tanger Med, Nador West Med et le doublement en cours de la capacité ferroviaire fluidifient les flux, baissant les coûts logistiques de 30% sur certaines filières exportatrices.

 

Les stratégies d’amélioration déjà engagées

La «Banque de projets» du ministère de l’Industrie recense 1.905 dossiers (126 Mds de DH) visant à fabriquer localement pièces, emballages, intrants pharmaceutiques ou équipements agricoles. Début juin 2025, 1.839 projets étaient déjà validés pour 124,9 Mds de DH, avec 180.000 emplois attendus. L’objectif est un gain net de 34 Mds de DH sur la facture d’ici 2028. Concernant la souveraineté énergétique, le plan hydrogène vert (11 GW de capacité annoncée) vise un double effet : réduire la dépendance énergétique et générer de nouveaux revenus d’exportation, en partenariat avec l’Allemagne et le Portugal. À horizon 2030, le Maroc table sur 2 Mds de $ de recettes annualisées. La diplomatie économique pivote vers l’Afrique subsaharienne (Zone de libre-échange continentale), l’Atlantique (États-Unis, Royaume-Uni postBrexit) et l’Asie ouvrant de nouveaux marchés pour l’agroalimentaire, le tourisme et l’automobile.

 

 

 

 

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