Culture de l'avocat: les raisons d’une surabondance de l’offre

Culture de l'avocat: les raisons d’une surabondance de l’offre

Assurant des marges intéressantes, la filière séduit de plus en plus les investisseurs.

Sous l’effet de la chaleur, la récolte a démarré précocement.

 

Par C. Jaidani

Suite à la sécheresse et à la hausse des coûts des intrants, la plupart des fruits et légumes connaissent depuis quelques mois une hausse des prix importante, qui va perdurer pour quelques semaines. Contrairement à cette tendance, les prix de l’avocat affichent des niveaux nettement en deçà de la normale. Selon la qualité des produits, ce fruit exotique était négocié auparavant dans une fourchette comprise entre 25 et 40 DH /kg. Depuis quelques semaines, les prix ont chuté pour atteindre la moyenne de 12-15 DH/kg.

Ce phénomène s’explique par une surabondance de l’offre, qui a pour origine une récolte précoce, et aussi l’intérêt porté par les investisseurs pour la filière en raison des marges bénéficiaires attractives qu’elle dégage. En moyenne, la production nationale tourne autour de 40.000 tonnes par an. Pour 2023, elle devrait atteindre plus de 60.000 tonnes sur une superficie plantée estimée à plus de 7.500 hectares.

L’activité figure parmi les rares filières non impactées par le stress hydrique du fait qu’elle est implantée essentiellement dans le Loukkous et le Gharb, régions les mieux approvisionnées en eau du Royaume. Elle concentre également plus de 86% de la superficie plantée sur un total estimé à plus de 7.300 hectares. Dans le même ordre d’idées, des producteurs ont lancé des plantations d’avocats dans les régions de Draa et de Souss, mais l’Etat a arrêté les subventions et décrété des restrictions sur les cultures grosses consommatrices en eau.

«La récolte d’avocat de cette année a commencé précocement à cause de la vague de chaleur supérieure à la normale. Les exploitants étaient contraints d’écouler leurs produits dans le marché local, du fait qu’ils ne correspondaient pas aux normes de l’export, mais aussi dans l’objectif de réduire les pertes», nous explique-t-on.

Victime de son succès, la culture d’avocat a séduit de nombreux investisseurs. Elle assure un retour sur investissement très avantageux, mais sous conditions. Les plantations sont très capricieuses en matière d’eau. Pour prétendre à de bons calibres et une meilleure qualité des produits, il faut une irrigation de précision et une utilisation efficiente des intrants. Rappelons que l’avocat est une plante tropicale qui nécessite un climat humide et une pluviométrie modérée et bien répartie. Elle peut être pratiquée aussi sous un climat méditerranéen à condition que les températures n’atteignent pas des niveaux trop bas.

Tenant compte de ces conditions, au Maroc les projets ne peuvent être lancés que sous serre. Les variétés les plus utilisées sont Hass, Bacon, Fuerté et Zutano. La culture de l’avocat est très capitalistique comparativement à d’autres filières. Elle nécessite un budget conséquent depuis la préparation du sol, les semis, l’entretien des plantes jusqu’à la récolte et le conditionnement des produits. 

 

Le Maroc 9ème exportateur mondial
Plus de 50% de la production nationale sont destinées à l’export, ce qui place le Royaume au 9ème rang des exportateurs mondiaux avec plus de 20.000 tonnes par an. Et tout laisse présager qu’il peut améliorer sa position car les produits marocains sont très demandés, en plus de la diversification des marchés à l’étranger. Il fut un temps où le marché espagnol absorbait plus de 70% de la production, mais actuellement il représente 38% seulement. De nouveaux débouchés sont apparus, dont l’Allemagne, la Hollande ou l’Angleterre et d’autres marchés sont investis à l’image de la Russie, des pays asiatiques et du Golfe. La variété Hass, connue pour sa peau épaisse et sa durée de stockage, est très appréciée des consommateurs. Elle est récoltée entre mars et mai, une période où l’avocat n’est pas assez disponible chez les pays concurrents du Maroc.

 

 

 

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