Il en ressort que le Maroc rural se compose en moyenne de 25,9 douars par commune : de 20,9 douars en moyenne dans Béni Mellal-Khénifra et Drâa-Tafilalet à 35,5 dans Souss-Massa. Trois types d’habitat dominent : les douars groupés (57,5%), éclatés (25,5%) et dispersés (16,9%), abritant respectivement 46,6%, 37,9% et 15,5% de la population rurale.
Globalement, 37,2% des Marocains vivent encore à la campagne, pour 33,4% des ménages. Drâa-Tafilalet (63,3%) et Marrakech-Safi (54,1%) demeurent les bastions de la ruralité, à l’opposé des régions sahariennes où la population urbaine domine largement.
Le poids des douars intermédiaires
Les douars de taille moyenne (entre 30 et 500 ménages) représentent les deux tiers du total et concentrent près de 80% de la population rurale. Les petits douars (moins de 30 ménages) sont nombreux (31,8%) mais faiblement peuplés (4,8% de la population), tandis que les plus grands (plus de 500 ménages) ne représentent que 1,7% du total mais regroupent 16% des habitants. Ce tissu intermédiaire illustre une ruralité structurée autour de pôles humains denses mais dispersés, véritables relais du développement local.
Un vieillissement silencieux du monde rural
La part des jeunes de moins de 15 ans a reculé de 31,4% en 2014 à 29,6% en 2024, tandis que celle des personnes âgées (60 ans et plus) est passée de 9,5% à 13,2%. Les douars où les seniors dépassent 1 % de la population constituent désormais 59% du total. Toutefois, la jeunesse demeure dynamique dans de nombreuses zones : 43% des douars comptent encore une proportion de jeunes supérieure à la moyenne nationale. Ces tendances traduisent un double mouvement : vieillissement marqué et vitalité démographique persistante selon les territoires.
Féminisation et modernisation du rural
Le rapport note un ratio de masculinité de 103,3, mais plus d’un tiers des douars comptent une majorité de femmes, conséquence des migrations masculines vers les villes ou l’étranger.
Le taux d’enregistrement à l’état civil atteint 99,3%, signe d’une intégration administrative quasi universelle. Côté habitat, la transformation est visible : 75% des ménages vivent désormais dans des logements en dur, et plus d’un tiers des douars affichent un taux de modernisation supérieur à 75%. À l’inverse, près de 30% restent marqués par un habitat précaire, souvent dans des zones enclavées.
Routes goudronnées, services éloignés
Près de 90% des douars sont desservis par une route carrossable et 75% par une route goudronnée, mais l’accès aux services reste problématique. Si 64% des douars se trouvent à moins de 2 km d’une école primaire, seuls 8% disposent d’un collège et 4% d’un lycée dans ce rayon. En santé, à peine 36% des douars sont situés à moins de 5 km d’un dispensaire.
In fine, le rapport du HCP dévoile un Maroc rural multiple : mieux connecté, mieux logé, mais toujours en quête d’équité territoriale et de services de base dignes de sa population.