Finances News Hebdo : Tout d’abord, quel rôle joue Allianz Trade dans l’accompagnement des entreprises marocaines exportatrices, notamment en matière de gestion du risque client à l’international ?

Stéphane Rutili : Exporter exige une stratégie solide et une capacité à s’adapter à des cultures et environnements variés. Fort de plus de 100 ans d’expérience dans l’accompagnement des entreprises à l’échelle mondiale, Allianz Trade met depuis 30 ans son expertise au service des entreprises marocaines pour les aider à gérer les risques liés à leurs clients à l’international. Nous évaluons la solvabilité des partenaires commerciaux, garantissant ainsi les ventes à crédit et sécurisant les transactions. Avec notre suivi de plus de 83 millions d’entreprises dans plus de 160 pays, nous offrons une vue claire sur les marchés, la solvabilité des clients, et les risques pays. En cas de non-paiement, les entreprises marocaines s’appuient sur notre réseau de recouvrement international et nos services d’indemnisation. Cela leur permet de maintenir des flux de trésorerie stables et de minimiser les risques de créances irrécouvrables. Ainsi, nous assurons la stabilité financière nécessaire pour qu’elles puissent croître en toute sécurité, même face aux fluctuations économiques mondiales.

F. N. H. : Quels sont aujourd’hui, selon vous, les principaux risques auxquels font face les exportateurs marocains, et comment l’assurance-crédit peutelle contribuer à les atténuer ?

S. R. : Bien que le Maroc ne soit pas directement affecté par la guerre commerciale mondiale, les exportateurs marocains pourraient ressentir des impacts indirects via l’économie européenne, influencée par les politiques américaines. Cependant, cela ouvre aussi des portes, puisque les entreprises européennes cherchent à se relocaliser pour réduire leur dépendance à la Chine et aux États-Unis, ce qui pourrait positionner le Maroc comme un hub stratégique. Dans cet environnement, l’assurance-crédit d’Allianz Trade est essentielle pour sécuriser les opérations et soutenir la croissance des entreprises au Maroc. Dans ce contexte, les exportateurs marocains sont confrontés à divers risques. Sur le plan commercial, ils doivent gérer l’incertitude liée à la solvabilité des partenaires et les litiges qui peuvent entraîner des refus de paiement. Économiquement, les fluctuations mondiales et la volatilité des taux de change peuvent nuire à la rentabilité des transactions. Politiquement, des risques tels que l’inconvertibilité de la monnaie, les interventions gouvernementales, le manquement des acheteurs publics étrangers, ainsi que les conflits armés ou troubles civils peuvent perturber les opérations. Allianz Trade contribue à atténuer ces risques en protégeant les entreprises contre le non-paiement, en facilitant le recouvrement et en indemnisant les pertes, permettant ainsi aux exportateurs marocains de naviguer efficacement dans un environnement mondial incertain.

F. N. H. : Avec la montée des incertitudes économiques mondiales (tensions géopolitiques, guerre commerciale...), comment Allianz Trade ajuste-t-elle ses évaluations de risque pays et de solvabilité ?

S. R. : Allianz Trade s’engage à analyser les tendances économiques, politiques et sociales qui influencent les entreprises et leurs décisions stratégiques. Pour aider nos clients à naviguer dans le paysage international complexe, nous attribuons une note de risque pays, basée sur la note pays structurelle et l’indicateur d’alertes à court terme. Ces outils permettent de mesurer le risque de non-paiement par les entreprises dans chaque pays, offrant ainsi des informations essentielles pour prendre des décisions éclairées. Nous réalisons également des études et des prévisions sur les défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale. Nos experts mettent régulièrement à jour leur scénario économique pour intégrer les évolutions de l’environnement global. Le Country Risk Atlas, l’une de nos publications clés, fournit une analyse approfondie des risques pays et des enjeux géopolitiques et économiques. En parallèle, nos économistes mènent des études sectorielles détaillées, fournissant des insights spécifiques qui aident nos clients à anticiper les défis du marché et à adapter leurs stratégies en conséquence.

F. N. H. : Comment Allianz Trade accompagne-t-elle les entreprises dans l’exploration de nouveaux marchés à l’export, notamment en Afrique ou en Asie ?

S. R. : Face à la faible croissance des économies européennes, de nombreuses entreprises marocaines cherchent à se développer en se tournant vers les marchés émergents, notamment en Afrique et en Asie. Bien que la numérisation et l’accès au commerce mondial facilitent cette démarche, elle comporte des défis. Dans ces régions, les informations financières peuvent être limitées et les délais de paiement souvent longs. C’est ici qu’intervient l’assurance-crédit, qui sécurise les initiatives d’expansion et rend l’exploration de nouveaux marchés plus sûre. Notre accompagnement est déjà en place et disponible sur tous les continents, y compris en Afrique et en Asie. Avec plus de 5.800 collaborateurs et une présence dans plus de 50 pays, nous garantissons un volume significatif de transactions commerciales, couvrant divers secteurs dans plus de 160 pays. Grâce à notre réseau d’experts mondiaux, nous fournissons aux entreprises des informations cruciales sur chaque marché, allant des attentes en matière de paiement aux risques d’insolvabilité. Ce soutien aide les entreprises à naviguer avec confiance dans ces environnements complexes, tout en minimisant les risques et en maximisant les opportunités de croissance.

F. N. H. : Dans quelle mesure les solutions d’assurance-crédit proposées permettent-elles aussi de faciliter l’accès au financement pour les exportateurs, en lien avec les banques partenaires ?

S. R. : Renforcer la confiance bancaire est essentiel : en maîtrisant les risques liés à leur poste clients, les entreprises marocaines, quelle que soit leur taille, augmentent leur crédibilité auprès des banques. Dans ce contexte, l’assurancecrédit d’Allianz Trade joue un rôle crucial en agissant comme une garantie de paiement, ce qui réduit le risque perçu par les institutions financières. Cela se fait principalement en sécurisant les financements par le transfert des droits aux indemnités issues du contrat d’assurance-crédit, plus connu sous le nom de délégation d’assurance. Au Maroc, Allianz Trade entretient des relations solides avec plusieurs groupes bancaires marocains, grâce à sa position de leader du marché depuis 30 ans. Certaines de ces banques marocaines font même partie de notre tour de table d’actionnaires. Ces partenariats avec les grandes institutions financières du pays permettent aux exportateurs de bénéficier de conditions de financement plus avantageuses, facilitant ainsi leur expansion sur les marchés internationaux.

F. N. H. : Enfin, le gouvernement vient de lancer un dispositif public d’assurance-crédit à l’export, destiné à couvrir les risques sur des marchés stratégiques peu assurés. Comment percevez-vous ce mécanisme ? Le voyez-vous comme un dispositif complémentaire à l’offre privée, ou un changement de paradigme dans l’écosystème de l’assurance à l’export ?

S. R. : Le gouvernement marocain a récemment introduit un dispositif d’assurance-crédit à l’export destiné à aider les entreprises à s’étendre à l’international. Ce programme vise à soutenir les exportateurs en leur offrant la possibilité de gérer des risques élevés sur certains marchés stratégiques. Il cible principalement 15 pays africains avec lesquels le Maroc souhaite renforcer ses relations commerciales. Ce dispositif s’appuie sur les compétences et la présence mondiale d’acteurs privés de l’assurance-crédit, y compris le groupe Allianz Trade. Nous voyons cette initiative comme une démarche positive pour soutenir la croissance économique du Maroc. Elle renforce l’écosystème de l’assurancecrédit à l’export en offrant une sécurité supplémentaire aux exportateurs, ce qui les aide à s’engager avec plus de confiance sur des marchés potentiellement risqués. En aidant les exportateurs à faire face à des risques élevés, ce programme gouvernemental pourrait stimuler les exportations marocaines et renforcer les relations commerciales avec les pays africains ciblés.