Alors que les ventes extérieures du Royaume ont dépassé les 400 milliards de dirhams en 2024, la question n’est plus seulement de conquérir de nouveaux marchés, mais de soutenir la trésorerie des exportateurs, de couvrir les risques et de sécuriser les règlements. Sans citer les enseignes, voici la palette – de plus en plus étoffée – des offres que propose la majorité des établissements de crédit marocains aux exportateurs.
Le paysage marocain du financement de l’export s’est professionnalisé : pré-financement en devises, mobilisation rapide des créances, garanties publiques ciblées et services digitaux forment un continuum qui réduit les délais d’encaissement et le coût de la couverture. Reste à démocratiser ces solutions auprès des PME et à accélérer l’harmonisation des plateformes digitales entre banques, douanes et assureurs : condition sine qua non pour transformer chaque commande internationale en trésorerie liquide… au meilleur coût. Les banques universelles marocaines accordent aujourd’hui des lignes de préfinancement (en dirhams ou en devises) adossées à un bon de commande ferme ou à un contrat d’export.
Tirées sous forme de découvert ou d’avance sur stocks, ces facilités couvrent les achats de matières premières, la main-d’œuvre et le fret jusqu’au chargement. La durée excède rarement 180 jours et le plafond est fonction du besoin en fonds de roulement et de la marge brute projetée. Pour les contrats pluriannuels (textile, automobile, IT offshore), certaines banques proposent un préfinancement «rolling»: chaque échéance remboursée reconstitue automatiquement le disponible.
Crédits adossés à la chaîne documentaire
Le plus connu est le crédit documentaire export (CDE). Ici, l’exportateur remet sa marchandise contre un crédit irrévocable confirmé par une banque locale; la confirmation transforme le risque importateur en risque bancaire international, abaissant le coût de financement. Pour les marchés de travaux ou d’ingénierie, les établissements délivrent des SBLC (Stand-by L/C) et garanties de bonne exécution en devises, couvrant l’acompte, la performance ou la retenue de garantie. Certaines banques permettent de mobiliser une facture dès son émission, en la cédant sans recours moyennant une commission dégressive si le donneur d’ordre est noté Investment grade. On parle de prêts «supply chain». Quand la marchandise est expédiée, l’enjeu devient la rapidité d’encaissement, surtout pour les PME. Ici, des produits comme la MCNE (mobilisation de créances nées à l’export) apportent des solutions.
Mobilisation des créances : du factoring au forfaiting
La banque rachète la créance dès la quittance douanière, dans la devise de facturation ou en dirhams convertibles, avec un taux indexé sur le risque pays de l’acheteur. Le Forfaiting (escompte sans recours) est aussi une solution privilégiée pour les ventes à moyen terme (matériel roulant, équipements médicaux) : la banque paie comptant, sans droit de retour, la créance est matérialisée par une traite avalisée ou un billet à ordre, moyennant une décote unique. On retrouve également dans cette famille d’offres le factoring international, où l’exportateur cède son portefeuille de factures et bénéficie d’un recouvrement mandaté d’une assurance-crédit et d’une avance jusqu’à 90% de la créance. Au-delà du financement pur, les banques déploient des offres groupées «export» avec une tarification dégressive sur les remises documentaires, un accès en ligne à la salle des marchés pour sécuriser le change, alertes sur le risque pays, modules e-learning Incoterms et conformité. Une remise sur les commissions est proposée aux entreprises qui franchissent certains seuils de volumes exportés.
Nouvelles tendances
Pour les équipementiers renouvelables ou les agriculteurs labellisés, des lignes «Green» intègrent un bonus sur le spread si la transaction répond à des critères ESG mesurables chez certaines banques. Aussi, plusieurs banques participatives adossent désormais des Murabaha export (achat-revente) ou des Salam (paiement comptant, livraison différée). Les transactions blockchain commencent aussi à émerger lentement au Maroc pour le Trade finance. Des banques ont déjà annoncé des opérations du genre en 2024, impliquant zéro papier.