La bande de Gaza, déjà ravagée par près de deux ans d’une guerre interminable, continue de sombrer dans le chaos. Dans ce territoire où les massacres perpétrés par l’armée israélienne commencent à s’inscrire dans la mémoire collective comme une normalité, la population s’accroche au maigre espoir d’une trêve.
Maigre espoir nourri par le président américain Donald Trump, qui a annoncé qu’Israël acceptait les «conditions nécessaires» à un cessez-le-feu de 60 jours. Objectif : libérer les otages encore détenus (49 officiellement recensés, dont 27 présumés morts) depuis le 7 octobre 2023 et, pourquoi pas, ouvrir une brèche vers la fin du conflit. Une initiative soutenue par l’opposition israélienne et encouragée par le Qatar et l’Egypte.
En attendant, sur le terrain, rien ne semble ralentir la folie meurtrière de Tsahal. L’armée israélienne a multiplié les frappes mardi, avec «plus de 140 cibles terroristes» en 24 heures, selon ses déclarations. Tout y passe : cafés, écoles ou encore camps de déplacés… Le comble de l’horreur ? Les points de distribution alimentaire se transforment en zones de tir.
Depuis la fin mai, plus de 580 civils ont été tués et plus de 4.000 blessés alors qu’ils tentaient de récupérer des colis d’aide. Le programme mis en place par la Fondation humanitaire de Gaza, soutenue par Israël et les Etats-Unis, est dénoncé par plus de 170 ONG comme un «piège mortel». Le massacre, lundi, du café «Al-Baqa», qui a fait 24 morts, dont notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, en dit long sur la nature de cette guerre : une entreprise de nettoyage ethnique enveloppée sous le prétexte fallacieux du «droit à la légitime défense».
Au final, les chiffres sont forcément vertigineux. Plus de 56.600 morts côté palestinien, pour l’essentiel des civils, en plus d’un système de santé en lambeaux. Des ONG décrivent une situation «hors contrôle», tandis que la Croix-Rouge alerte sur le manque de médicaments et même de… sacs mortuaires. Dans ce chaos absolu, la diplomatie s’agite mollement. Trump menace d’être «très ferme» avec Netanyahu pour obtenir un accord de cessezle-feu. L’aile dure du gouvernement israélien s’oppose, quant à elle, à tout répit tant que le Hamas ne sera pas «anéanti».
Le Hamas, de son côté, veut une trêve définitive et un retrait des troupes israéliennes. Une exigence qui n’a rien de surréaliste au vu de la violence actuelle, mais qui bloque toute avancée concrète.
Disons-le : ce conflit n’est pas une «riposte». Il est devenu une entreprise génocidaire où la fin justifie les moyens les plus iniques. On prétend cibler le Hamas, mais on pulvérise des mères, des bébés, des enfants et des vieillards. On frappe des écoles, des cafés et des hôpitaux. Et on se justifie ensuite en parlant de «terroristes infiltrés» ou d’erreurs à «examiner». Quel cynisme !
Par F.Z Ouriaghli