Premier test réussi pour Nadia Fettah Alaoui. La ministre de l’Economie et des Finances a surpris son monde lors de son grand oral devant les parlementaires et en commission pour défendre la Loi de Finances 2022.
Ni timide ni timorée. Parfaitement à l’aise avec son sujet et pleine d’assurance, elle a tenu la dragée haute aux parlementaires dans un arabe (presque) parfait, avant de se confronter, mardi, à la presse nationale. Mais ceux qui s’attendaient à des annonces croustillantes ont vite déchanté. Elle n’a rien lâché. Sauf une info : le grand emprunt national prévu par le Maroc n’aura pas lieu en 2021. C’est sûr et certain. En 2022 alors ? Là, par contre, on ne peut être formel. Il faut, nous dit-elle, que ce soit opportun pour l'Etat et les épargnants.
Réponse presque similaire pour la sortie du Maroc à l’international ou encore les opérations de privatisations prévues dans le cadre du projet de Loi de Finances : cela dépendra des conditions du marché. Bref, le timing sera fonction de l’environnement économique et financier.
Alaoui ne nous en dira pas davantage. Pas plus qu’elle ne nous dira comment le Royaume, qui traîne comme un boulet un chômage structurel, va créer 250.000 emplois durant les deux premières années du mandat de l’actuel gouvernement. Elle s’est par contre un peu plus lâchée quand il s’est agi de diagnostiquer la situation économique du Royaume cette dernière décennie.
«Nous aurions pu faire mieux, car les réalisations sur les dix dernières années sont en dessous des ambitions légitimes du Maroc, puisqu’on manquait de vision globale et de coordination», confie-t-elle. Ce «nous» est-il inclusif ? Concerne-t-il le RNI, sous les couleurs duquel elle officie en tant que ministre et qui faisait partie de la précédente majorité gouvernementale ? En réalité, on n’en a pas l’impression. L’argentière du Royaume a pris bien soin de dédouaner ses collègues ministres et camarades de parti de l’ancienne équipe, qui, à l’en croire, ont fait le job.
«Nous avons pris nos responsabilités dans les secteurs que nous avons gérés», soutient-elle, citant en exemple l’agriculture et l’industrie. Entendez par là que les autres ministres des autres partis de l’ex-majorité n’ont pas assumé les leurs. Qu’en est-il alors de la solidarité gouvernementale ?
Finalement, que pouvons-nous déduire grosso modo de ces 3 sorties de Alaoui ? Elle s’en est bien tirée, donnant des réponses franches certes, mais parfois enrobées dans une belle langue de bois. Ne manquant pas, aux nombreuses interrogations des journalistes, de faire cette promesse : «Nous reviendrons vers vous pour vous en dire plus le moment opportun». La promesse est une dette. Alors, nous aussi, nous reviendrons vers vous, Mme la ministre. Promis.