Aide au logement: peu d’intérêt des petits promoteurs pour le programme

Aide au logement: peu d’intérêt des petits promoteurs pour le programme

Le déstockage du parc des logements à 250.000 DH perturbe toujours le marché. Ils invitent le gouvernement à réajuster la formule pour la rendre plus attrayante.

 

Par C. Jaidani

Dès son annonce, le nouveau programme d’aide au logement a suscité un grand engouement de la part des acquéreurs. Au 27 février 2024, les demandes déposées sur la plateforme dédiée ont atteint 51.900. Tout laisse présager que le nombre va dépasser les 70.000 au terme du mois en cours. 75% des demandes enregistrées concernent l’achat d’un logement dont le prix est inférieur à 300.000 dirhams, et 25% portent sur l’acquisition d’un logement dont le prix varie entre 300.000 et 700.000 dirhams. 81% des demandes ont été enregistrées à l'échelle nationale et 19% ont été déposées par les MRE. En dépit de cet intérêt de la part des acquéreurs, les promoteurs affichent de nombreuses réserves par rapport au programme. La Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) n’a pas jugé opportun de communiquer sur le sujet.

Quelques déclarations de responsables de la Fédération laissent cependant entendre qu’ils rejettent l’offre, estimant qu’elle n’est pas intéressante et qu’elle nécessite certains ajustements pour qu’elle soit plus attrayante. De leur côté, les petits promoteurs fondaient beaucoup d’espoir sur ce nouveau programme. Car ils étaient quasiment exclus des programmes des logements sociaux à 250.000 DH du fait qu’ils étaient incapables d’investir ce créneau par manque d’assise financière solide.

«Actuellement, dans le marché, il n’y a pas assez d’offres lancées dans le cadre du nouveau programme. Pour 2023, la plupart des promoteurs ont déjà reçu des réservations. Pour 2024, les projets sont en cours de construction. L’opération n’a pas encore pris son essor car les professionnels du secteur ne veulent pas l’investir à cause d’un grand stock qu’ils n’arrivent pas à écouler. Ceux qui ont signé des conventions avec l’Etat en 2020 ou 2021 n’ont pas encore achevé leurs programmes, et du coup, ils ne peuvent pas lancer de nouveaux projets. Les acquéreurs, pour leur part, préfèrent le produit à 300.000 DH à celui de 250.000 DH, jugé moins avantageux. Le marché est perturbé aussi bien pour les acheteurs que pour les promoteurs. Assurer un équilibre pour pouvoir enclencher une véritable dynamique s’avère nécessaire», affirme Mohamed Dahbi, vice-président de l’Union nationale des petits promoteurs immobiliers (UNPPI).

«Dès la conception et le lancement de ce nouveau produit, nous avons averti sur ses lacunes. Mais le gouvernement et le département de l’Habitat n’ont pas pris le soin de les corriger. Auparavant, l’aide au logement était donnée au promoteur. Elle lui servait d’avance pour lancer le chantier, lors de la réservation des acheteurs. Avec la nouvelle formule, l’aide directe est versée aux acquéreurs. Elle est débloquée une fois le logement livré. Le promoteur est donc contraint de travailler avec ses propres fonds ou via un financement bancaire pour la totalité du projet», explique Dahbi. Les petits promoteurs trouvent beaucoup de difficultés pour adhérer à cette nouvelle formule. Ils n’ont pas l’assise financière pour lancer de nouveaux projets. Et l’exigence d’un permis d’habiter daté de 2023 complique davantage la situation.

«Tant qu’il n’y aura pas un déstockage des logements déjà construits, le nouveau programme d’aide ne pourra pas atteindre sa vitesse de croisière. Nous avons voulu relancer le marché avec ce nouveau dispositif, mais nous risquons de le bloquer davantage. Valeur aujourd’hui, nous n’avons que des chiffres sur les demandes d’acquisition. Une fois que nous aurons des données sur les mises en chantier et les livraisons, nous pourrons alors nous prononcer sur la pertinence du programme pour les promoteurs. Nous avons préconisé aussi de lancer des offres selon les régions, car il y a une grande différence entre le coût du foncier à Casablanca ou Rabat et celui à Oujda ou Ouarzazate», conclut le vice-président de l’UNPPI. 

 

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Vendredi 26 Avril 2024

Multirisque climatique: «La Mamda a remboursé plus de 3 milliards de DH aux agriculteurs depuis 5 ans»

Vendredi 26 Avril 2024

Assurance agricole: quel avenir face à la fréquence et l’intensité des sécheresses ?

Vendredi 26 Avril 2024

Maroc – France : la coopération économique au centre d'entretiens entre Fettah et son homologue français

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux