Ingénieur de formation (ISP Galilée - Paris XIII, ESICA) complétée par un master en audit et contrôle à l’INSEEC, Ghammad a démarré sa carrière dans la R&D, sur des projets d’optimisation industrielle. Un passage fondateur. Il y apprend la rigueur, la mesure et l’importance des processus. Trois qualités qui deviendront sa marque de fabrique. En 2006, il rejoint Cosumar. À partir de là, son parcours épouse celui de la transformation du groupe. Membre du comité de direction dès 2010, puis Directeur général délégué chargé des achats, de la supply chain et du trading en 2023, il s’impose progressivement comme l’un des architectes de la modernisation industrielle et commerciale du groupe.

Ses réalisations sont nombreuses et structurantes. Il accompagne l’essor de l’activité export dès 2013, et contribue à faire de Cosumar un fournisseur international crédible, présent aujourd’hui dans 80 pays. Il supervise aussi le commerce international, l’approvisionnement en sucre brut et la distribution de sucre blanc, dans un contexte marqué par une forte volatilité des marchés. À ce titre, il est également administrateur de Fimasucre et dirige Cosumar Guinée (Comaguis), preuve supplémentaire de la confiance accordée à son sens de la gestion opérationnelle.

Mais sa contribution la plus emblématique reste la raffinerie de Sidi Bennour (région d’El Jadida), un projet industriel stratégique qu’il pilote de bout en bout. Ce site, désormais essentiel dans le dispositif du groupe, porte la capacité industrielle nationale à près de 2,5 millions de tonnes par an. Il consolide la sécurité d’approvisionnement du pays et offre une plateforme robuste pour la stratégie à l'export de Cosumar. À cela s’ajoute son rôle moteur dans la modernisation des équipements, le renouvellement de l’outil industriel et la digitalisation avancée du modèle agricole via Attaissir, devenu aujourd’hui un pilier de l’agriculture de précision chez les planteurs.

Changement climatique

Imad Ghammad prend les rênes dans un contexte exigeant. La campagne 2025/2026 démarre dans un environnement marqué par la sécheresse et une pression accrue sur les ressources hydriques.

La filière, pourtant, se mobilise. L’année précédente a montré que le potentiel existe, avec une production de 281.000 tonnes de sucre blanc, en progression de 50% sur une année de référence très difficile. L’enjeu est désormais de maintenir cette dynamique pour sécuriser les revenus des agriculteurs, colonne vertébrale du modèle d’agrégation.

Dans ce contexte, les priorités sont clairement définies. D’abord, réussir les semis dans ce contexte climatique tendu, en mobilisant les planteurs et en sécurisant les emblavements. Ensuite, renforcer l’accompagnement des agriculteurs pour garantir la rentabilité des exploitations, en déployant des solutions d’agriculture de précision : Smart Blender, irrigation intelligente, drones, capteurs, nouvelles fonctionnalités d’Attaissir, désormais enrichie d’un module R&D.

L’objectif reste l'amélioration des rendements tout en réduisant les charges, l’eau et l’énergie. Sur le front industriel, la montée en puissance de Sidi Bennour sera décisive. Le site doit libérer davantage de volumes pour répondre au marché national et accélérer les exportations. Cosumar vise un cap symbolique : franchir le million de tonnes exportées en 2026.

Un objectif réaliste au regard des capacités logistiques du groupe : 1.500 camions, 950.000 tonnes de stockage, un port sec capable de traiter 30.000 conteneurs par an et des plateformes régionales modernisées, notamment à Agadir. L’innovation reste un terrain de prédilection pour le groupe et son DG.

Semences plus résistantes à la sécheresse, engrais formulés via Smart Blender, irrigation optimisée, réduction de l’empreinte carbone, intégration progressive d’énergies renouvelables : Ghammad veut inscrire Cosumar dans une trajectoire durable, où performance industrielle et responsabilité environnementale avancent de concert.  Enfin, il accorde beaucoup d’importance au capital humain. Renforcer les compétences, attirer de nouveaux profils, développer une culture de la performance et de l’innovation. 

Avec son expérience, sa maîtrise des dossiers techniques et son sens stratégique, Imad Ghammad apparaît comme l’un des dirigeants les mieux armés pour conduire Cosumar dans cette nouvelle phase marquée par une modernisation accélérée, une sobriété hydrique, la montée en gamme industrielle et une ambition à l'export renouvelée. Une feuille de route exigeante mais cohérente, portée par un dirigeant qui connaît la maison, la filière et les défis du secteur. 

Une entreprise de croissance

Pour les analystes financiers qui couvrent la valeur Cosumar en Bourse, notamment ceux de BMCE Capital Global Research, le sucrier marocain devrait étudier des opportunités de diversification et de développement à l’échelle nationale qui devraient lui permettre de transformer le sucre en un levier de croissance multisectoriel. Selon BKGR, «l’opérateur semble ainsi être sur le point de lancer au Maroc un projet d’innovation à valeur ajoutée et à fort impact environnemental». Ces nouveaux relais de croissance permettent au marché de porter un regard différent sur le titre.

Historiquement valorisé sur la base de sa stabilité et de son rendement attractif, l'action pourrait ainsi bénéficier, selon BKGR, d’une réévaluation structurelle grâce à une transformation stratégique qui devrait offrir aux investisseurs une meilleure visibilité sur la création de valeur à moyen terme. En effet, l’intégration progressive de synergies internes et externes pourrait permettre une meilleure efficacité commerciale, une optimisation de la chaîne d’approvisionnement et une amélioration durable des marges, libérant ainsi un potentiel boursier significatif. Cosumar change ainsi de positionnement et passe de titre de «rendement» à titre de «croissance».