L’Association professionnelle des sociétés de financement a donné un coup d’accélérateur à ses chantiers : accès élargi aux données via les BIC, digitalisation des procédures judiciaires et renforcement de la prévention du surendettement.
Par Y. Seddik
Réunie le 26 juin à Casablanca, l’Assemblée générale de l’APSF a confirmé l’engagement des sociétés de financement à accompagner l’économie marocaine, tout en accélérant la modernisation de leurs pratiques et le renforcement des garde-fous contre le surendettement. Au 31 décembre 2024, les sociétés de financement ont injecté plus de 225 milliards de dirhams dans l’économie, en progression de 5,6% par rapport à 2023. Une évolution jugée solide dans un environnement où le financement des TPME et des particuliers demeure un levier essentiel de soutien à la consommation et à l’investissement.
L’année 2024 a également été marquée par la promulgation de la loi relative aux Bureaux d’information sur le crédit (BIC), permettant aux sociétés de financement d’accéder à des données non financières en complément des informations restituées par le Crédit Bureau. Cette avancée vise à affiner l’évaluation du risque de crédit, notamment pour les TPME, tout en contribuant à la lutte contre le surendettement.
Par ailleurs, l’APSF a poursuivi ses concertations avec Bank Al-Maghrib, le ministère de la Justice et le secteur bancaire pour simplifier les procédures judiciaires liées aux activités de crédit. Un projet de plateforme digitale, Tabadoul, piloté par le ministère de la Justice, devrait permettre aux sociétés de financement de mieux gérer leurs dossiers devant les tribunaux et de réduire les délais et les coûts associés.
Une attention particulière a été portée au traitement des dossiers de crédit-bail et au fonctionnement du Registre national électronique des sûretés mobilières, notamment pour intégrer les opérations de factoring. Parallèlement, la dématérialisation des procédures d’enregistrement des nantissements, opérée en collaboration avec la Narsa, est pleinement opérationnelle pour les flux récents, avec un chantier en cours pour la régularisation du stock historique.
Factoring et Supply Chain Finance, vers une stratégie nationale
Sur le volet du factoring, l’APSF a travaillé en lien avec le ministère de l’Economie et des Finances, la SFI et Bank Al-Maghrib sur l’élaboration d’une stratégie nationale pour le financement de la chaîne d’approvisionnement (Supply Chain Finance). Les sociétés spécialisées ont été sollicitées afin de contribuer à l’orientation de cette stratégie, dans l’objectif de fluidifier le financement des fournisseurs et sous-traitants. Si le crédit à la consommation reste un moteur de la demande interne, le secteur se montre plus vigilant.
Avec la TGR-DDP, l’APSF milite pour un contrôle renforcé sur l’instruction des dossiers, notamment pour les prêts octroyés aux fonctionnaires, qui doivent transiter impérativement par les comptes domiciliataires de salaires. Des avancées ont été obtenues avec la CMR pour alléger les démarches des pensionnés, et avec le RCAR pour généraliser la convention de précompte bilatérale. Dans la continuité des réflexions menées avec Bank Al-Maghrib, les sociétés de crédit ont par ailleurs adopté un code éthique encadrant les pratiques des intermédiaires, dans le but d’assainir le marché et d’instaurer des pratiques responsables vis-à-vis des emprunteurs.
Le président de l’APSF, Abdallah Benhamida, a salué la disponibilité et l’ouverture des partenaires institutionnels, notamment le ministère de la Justice, BAM, la direction du Trésor, la TGR, la CMR, le RCAR et la Narsa, qui ont accompagné l’association dans ses chantiers structurants. Il a également rendu hommage aux responsables des sociétés membres ayant activement contribué aux groupes de travail de l’APSF. Le rapport 2025 de l’APSF, qui sera publié prochainement, reviendra en détail sur ces avancées et mettra en lumière les acteurs ayant contribué à faire progresser les pratiques et la solidité du secteur.