Benguerir, l’épicentre de l’innovation à l’africaine

Benguerir, l’épicentre de l’innovation à l’africaine

À l’intersection de l’IA et des technologies de rupture, une nouvelle génération de startups DeepTech émerge, accélérant les découvertes scientifiques et apportant des solutions innovantes aux grands défis contemporains.

 

Par Désy M.

Une transformation de l’Afrique tournée vers le monde» : c’est sur cette ambition que se sont basés les échanges entre chercheurs, investisseurs, académiciens et décideurs réunis du 8 au 9 mai au sein du campus de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Benguerir, pour la deuxième édition du DeepTech Summit 2025.

Avec plus de 5.500 participants issus de 53 pays représentant les cinq continents, ce Sommet axé sur le thème «Redéfinir le progrès: comment l’IA transforme l’innovation DeepTech» s’est imposé comme une vitrine continentale de la transformation numérique et scientifique. Dès l’ouverture, le ton a été donné par le président de l’UM6P, Hicham El Habti, qui a rappelé avec conviction que «l’Afrique doit passer du statut de bénéficiaire à celui d’acteur global de l’innovation».

Pour lui, le Sommet n’est pas seulement un rendezvous annuel, mais une véritable déclaration d’intention, un appel à bâtir un progrès technologique qui soit à la fois inclusif, durable et tourné vers l’humain. «Le progrès ne se mesure plus à la vitesse d’un algorithme, mais à sa capacité à élever, réparer et inclure», a-t-il déclaré.

Un message réaffirmé par Yassine Laghzioui, Directeur général d’UM6P Ventures et directeur de l’Entrepreneuriat et du Capital risque à l’UM6P, pour qui ce sommet illustre la montée en puissance d’un écosystème africain désormais prêt à jouer un rôle de premier plan sur l’échiquier mondial de l’innovation : «le DeepTech Summit n’est pas seulement une rencontre. C’est une déclaration : l’Afrique a sa place dans le concert mondial des technologies qui transforment le monde», a-t-il affirmé. Les discussions ont permis d’ouvrir de nouveaux horizons sur l’usage de l’intelligence artificielle dans des secteurs critiques comme la santé, la cybersécurité, l’agriculture durable, la transition énergétique ou encore la biotechnologie.

«L’intelligence artificielle est plus qu’un outil, elle est l’innovation de l’innovation», a martelé Laghzioui, citant notamment l’exemple d’AlphaFold, outil capable de prédire la structure de plus de 200 millions de protéines, bouleversant la recherche pharmaceutique mondiale. Le Sommet, à la fois laboratoire d’idées et plateforme d’action, a proposé 66 sessions, réparties sur 11 grandes thématiques, mettant en lumière les synergies entre science, industrie et société. Plus de 980 startups étaient présentes, dont 80 ont exposé leurs solutions dans un showroom expérimental ouvert au grand public. Avec plus de 3.000 étudiants, doctorants et jeunes chercheurs mobilisés, l’événement s’est révélé comme un accélérateur de vocations et un incubateur de talents.

L’édition 2025 s’est également distinguée par des formats innovants : les  «Pitchs in the Dark», où les entrepreneurs défendaient leurs idées sans jamais apparaître, misant uniquement sur leur force de persuasion et les «Pitchs inversés», qui inversaient les rôles traditionnels en plaçant les investisseurs en position de ceux qui doivent convaincre les porteurs de projets. Un renversement assumé, symbolisant une volonté de bouleverser les codes de l’innovation classique pour faire émerger un modèle africain audacieux, ouvert et collaboratif.

Le DTS Prize a mis en lumière les startups les plus prometteuses dans trois catégories : les sciences de la vie, l’économie verte et l’innovation africaine, avec des prix allant jusqu’à 50.000 dollars. En parallèle, un défi sur les deepfakes, lancé par la School of Computing de l’UM6P, a permis aux jeunes chercheurs de se pencher sur les dérives et les enjeux éthiques de l’IA générative, de plus en plus présente dans l’espace numérique africain.

Au-delà des chiffres, des technologies et des démonstrations, le DeepTech Summit 2025 aura surtout été le témoin d’un changement de paradigme : celui d’un continent africain qui ne se contente plus d’adopter les innovations venues d’ailleurs, mais qui les conçoit, les adapte et les propulse vers le monde. «Les avancées scientifiques ne transforment le monde que lorsqu’elles rencontrent l’industrie, les talents, les marchés et un capital patient», a ainsi conclu Yassine Laghzioui, président de l’UM6P Ventures. 

 

 

 

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