Par: Fatima Zahra Ouriaghli, Directeur de Publication
Arabie Saoudite, Egypte, Tunisie… sont parmi les pays ayant autorisé les prières de Tarawih. Au Maroc, pour la seconde année consécutive, les autorités ont décidé de les interdire, dans un contexte marqué par la crise sanitaire et un couvre-feu qui court de 20H à 6H du matin. Compréhensible ? Pas pour certains croyants. Sur les réseaux sociaux, ils manifestent leur désapprobation.
A Tanger, une manifestation a même eu lieu pour réclamer l’ouverture des mosquées durant ce mois sacré du Ramadan. Aux Marocains qui voient en cette décision une entrave à leur pratique religieuse, voire une entorse à leur foi, le gouvernement oppose la nécessité de préserver la santé des citoyens.
Le chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, s’en explique en ces termes : la nature imprévisible de la Covid-19, l’apparition de nouvelles souches ayant touché le Royaume et se propageant dans plusieurs régions et le léger ralentissement relatif à la campagne nationale de vaccination sont autant de raisons qui ont amené le gouvernement à durcir les mesures restrictives durant le mois de Ramadan. Peut-on lui en vouloir ? Evidemment que non.
Cette décision obéit un principe de précaution. Principe de précaution auquel les Marocains lui ont vivement reproché de s’être soustrait lorsqu’il a autorisé la célébration de l’Aïd Al-Adha, entraînant une flambée des vagues de contamination. Alors, au nom des prières de Tarawih, doit-on exposer le Royaume à une nouvelle vague épidémique ?
Doit-on prendre le risque de ruiner tous les efforts consentis jusque-là par les autorités et ces millions de Marocains qui, depuis plus d’un an, ont fait preuve d’exemplarité en acceptant, pour la bonne cause, de se voir privés de leurs libertés individuelles ? Et pour ceux qui tenteraient d’utiliser la religion pour jouer aux agitateurs de conscience et semer le trouble, il importe de leur rappeler ce qu’a dit le Conseil supérieur des oulémas, le 21 avril 2020 : «la préservation de la vie est privilégiée du point de vue de la charia sur tout autre acte, y compris la réunion pour les prières surérogatoires».
En cela, l'accomplissement des Tarawih dans les mosquées peut être remplacé par la prière chez soi, individuellement ou collectivement avec les membres de la famille, sans prise de risque, a-t-il conclu. Transparent pour qui sait lire.