Les exportateurs nationaux attendent beaucoup du prochain gouvernement.
La fiscalité des exportations nationales ainsi que le transport maritime (fret), dont le coût a enregistré une hausse considérable, devront être traités comme une urgence.
Par M. Diao
Plusieurs éléments factuels montrent, de façon flagrante, les carences des politiques publiques visant à accroître substantiellement les exportations nationales, dont les multiples avantages sur l’économie nationale ne sont plus à démontrer (devises, emplois, croissance). A titre illustratif, le rapport de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) intitulé «Maroc 2020- 2030, la décennie de la montée en puissance», a relayé une palette de données fort intéressantes. Celles-ci devraient commander de la part du prochain gouvernement un fort engagement en matière de commerce extérieur. Le document de l’IMIS a mis en évidence le nombre réduit et stagnant d’exportateurs que compte le Maroc (entre 5.000 et 6.000).
Le même rapport mentionne aussi que 1% des exportateurs marocains, soit une cinquantaine de sociétés, réalise plus de la moitié (55%) du total des exportations. 5% des exportateurs concrétisent les quatre-cinquièmes des exportations totales du pays (77%). A cela, s’ajoutent le nombre limité de produits exportés en comparaison à ceux achetés à l’étranger et la forte concentration des expéditions marocaines sur le Vieux continent.
Les chiffres mis en relief dans le budget économique exploratoire 2021 (HCP) montrent que le déficit commercial devrait se creuser, en passant de 16,3% du PIB en 2020 à 16,9% du PIB en 2021. Au regard de tout ce qui précède, il est clair que le gouvernement sortant n’a pas érigé au rang des priorités les exportations nationales. Autre preuve évidente, seul un département au sein d’un ministère a été dédié au commerce extérieur qui, eu égard à son importance pour l’économie nationale, doit être pris en charge par un ministre ou secrétariat d’Etat dédié. Au cours des dernières années, l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) n’a cessé d’alerter sur le fait que sous le magistère de El Otmani, les Lois des Finances ne contenaient aucune disposition en faveur de l’export. Bien au contraire, les avantages dont bénéficiaient les exportateurs et qui devaient être considérés comme un soutien légitime et opportun, au regard de la centralité de l’export pour l’économie nationale, ont tout simplement été supprimés. Face à cette situation, il est plus que légitime d’interpeller Hassan Sentissi, président de l’Asmex, sur les attentes des exportateurs nationaux envers le prochain gouvernement, lequel sera dirigé par Aziz Akhannouch.
Deux priorités à régler
«En raison des promesses non tenues du gouvernement El Otmani, nous attendons beaucoup du prochain gouvernement. Pour l’Asmex, l’urgence se situe au niveau de deux questions principales. Ces dernières sont liées à la fiscalité des exportations nationales et au transport maritime (fret), dont le coût a enregistré une hausse considérable», fait observer l’homme d’affaires et numéro 1 de l’Asmex. L’Association, avec l’appui de ses partenaires, s’attèle à accélérer la transition énergétique des opérateurs nationaux.
Les exportateurs marocains doivent dès à présent être outillés afin d’être en mesure de franchir la barrière écologique qui sera dressée aux frontières européennes pour les exportations (hors EU) à partir de 2023. Par ailleurs, au sujet de la logistique, un maillon essentiel de la compétitivité des ventes à l’étranger, les exportateurs nationaux mettent l’accent sur l’impératif de la reconstitution de la flotte nationale de navires et la mise en place du pavillon marocain. La création de la flotte nationale de navires serait une judicieuse réponse face au coût prohibitif de la logistique pour les exportateurs.
Sachant qu’à terme, ces derniers sont appelés à investir de lointains marchés émergents, et surtout porteurs (Inde, Chine, Brésil, etc.). Le défi logistique est de taille, surtout si l’on sait que le Maroc ne disposerait que de deux cargos pour le fret aérien au moment où un pays comme l’Ethiopie en dénombre près de 40.
Au final, du côté de l’Asmex, l’on fait savoir que des équipes travaillent d’ores et déjà dans l’optique d’une prochaine rencontre avec le gouvernement Akhannouch. «Nous penchons pour l’organisation de discussions portant, entre autres, sur les doléances des exportateurs, les assises des exportations et la mise en place d’un contrat-programme en faveur d’un secteur qui a besoin de soutien».